Le Baudet du Poitou est la race d’ânes la plus ancienne, c’est aussi l’âne le plus grand et le plus puissant.
Son livre généalogique (le « Stud-Book ») a été créé en 1884 mais l’on trouve, bien avant cette date, des mentions de la présence et de l’utilisation du Baudet du Poitou dans la région du Poitou-Charentes. Certains font remonter la présence du Baudet du Poitou en France au 10e siècle.
Si l’on sait bien que notre âne européen est originaire d’Afrique, le Baudet du Poitou semble lui nous venir d’Espagne, où l’on trouve encore une race qui lui ressemble beaucoup : l’âne de Zamora.
Toujours est-il que cet âne si singulier est devenu l’un des fleurons emblématique d’une région de France où il fût très utile, notamment à l’agriculture.
En effet, le Baudet du Poitou par croisement avec la jument Trait Poitevin donne un hybride : la mule (ou mulet si c’est un mâle).
La mule Poitevine a la caractéristique de concentrer les qualités de ses deux parents : la force et la puissance du cheval de trait d’une part, la rusticité, la sobriété et l’endurance du baudet du Poitou d’autre part.
Ainsi la mule fut très utilisée pour le travail agricole, mais également dans l’armée et ce dans de nombreux pays du monde : en France bien sûr, Espagne, Portugal, Italie, Maroc, Tunisie...
Aux 18 et 19e siècles, l’industrie mulassière était très prospère. Plusieurs milliers de mules étaient alors produites en Poitou et vendues à l’agriculture et l’armée.
Mais la motorisation, l’arrivée du tracteur notamment, ont rendu inutile la production de mules et donc, par conséquent l’élevage de baudets du Poitou.
Nous avons alors failli perdre cette race : en 1980 il ne subsistait qu’une quarantaine d’individus en France. Une thèse, soutenue par Annick Audiot, sera le point de départ d’une mobilisation pour la sauvegarde du Baudet du Poitou.
Elle comprendra notamment : le rachat d’un troupeau historique, la création de l’association de sauvegarde du Baudet du Poitou (SABAUD) et la mise en œuvre d’un programme de croisement par absorption.
Aujourd’hui le Baudet du Poitou est toujours une race à très faible effectif. On dénombre autour de 300 femelles, mais toutes ne sont pas mises à le reproduction.
Si quelques mules sont encore produites et trouvent acheteurs, ses utilisations se sont diversifiées. Le Baudet du Poitou est avantageusement attelé pour le loisir ou pour le travail - maraîchage par exemple -, sa puissance, son calme et sa bonhomie étant de bons atouts pour ces usages. Il peut également être bâté et accompagner vos balades ou randonnées.
Par ailleurs, l’ânesse du Poitou est bonne laitière et son lait peut être à la base de fabrication de savons aux vertus millénaires.
Enfin n’oublions pas l’intérêt écologique et environnemental de cet animal : non seulement l’élevage de baudets du Poitou participe de la sauvegarde de la biodiversité mais en outre, il peut servir à l’entretien et la valorisation d’espaces peu productifs, qui, sinon, risquent le retour à la friche et à la fermeture du paysage.